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Les limites de la déclaration INCI

  •           INCI : utile mais pas d’une lecture facile

    Bien que la chimie soit une discipline complexe, repérer et juger les ingrédients d’un produit est à la portée de tous.

    Depuis 1998, l’Union Européenne oblige les fabricants de déclarer la composition d’un cosmétique et d’en énumérer les composants dans un ordre décroissant de concentration.
    Cette liste, mise à disposition des consommateurs, est à première vue très peu attrayante voire décourageante du fait des termes utilisés (la nomenclature INCI) et de la présentation de celle-ci.


    En effet, 80% du temps elle est imprimée en petits caractères et souvent d’une couleur qui se détache mal du fond. Ceci est généralement révélateur du peu de considération qu’à le fabricant pour le consommateur.

    INCI, c’est l’acronyme de International Nomenclature of  Cosmetics Ingredients, ou Nomenclature Internationale des Ingrédients Cosmétiques en français.

    Elle obéit à 3 principales règles :

    • les noms des molécules sont écrits en anglais.
      Par exemple le terme INCI sodium hydroxyde, correspond à l’hydroxyde de sodium, plus communément appelé soude.
    • les extraits de plantes sont écrits en latin.
      Par exemple, Prunus armeniaca, c’est l’extrait abricot.
    • les colorants se trouvent en fin de liste sous la dénomination CI (colour index) suivi d’un nombre de 5 chiffres correspondant au nombre d’indexation des couleurs.
      Exemple : le colorant CI 51319 est un colorant violet.

        L’apport de la nomenclature CFTA

    La CFTA (Cosmetic, Toiletry and Fragance Association) est l’autorité qui régie l’industrie cosmétique aux Etats-Unis – l’équivalent de la FEBEA en France et de la COLIPA en Europe.

    D’après la réglementation CFTA, le terme botanique de la plante doit être complété par le nom anglais de la substance naturelle.
    Le consommateur saura désormais quelle partie de la plante a été utilisée et sous quelle forme, chose non prévue par la réglementation européenne classique.

    Lorsque celui-ci lira « Prunus armeniaca (Apricot) kerneloil » il saura exactement ce que cela signifie, soit « huile de noyau d’abricot »

    En résumé, on utilise :

    • « oil » pour les huiles végétales et les huiles essentielles
      Simmonsiachinensisseedoil : huile de Jojoba
    • « extract » pour un extrait de plante
      Chamomillarecutita (Matricaria)extract : extrait de camomille
    • « water » ou « distillate » pour les eaux florales (ou hydrolats)
      Lavendula Hybridaflower water : eau florale de lavande
    • « butter » pour un beurre végétal
      Butyrospermumparkii (Shea butter) : beurre de karité
    • « wax » pour les cires naturelles
      Euphorbia cerifera (Candelilla) wax : cire de Candelilla

    Ces dénominations, plus faciles à comprendre, se trouvent sur de plus en plus de cosmétiques car les fabricants, désireux d’exporter leurs produits en dehors de l’Europe et notamment aux Etats-Unis, doivent se soumettre aux standards du CFTA.

    NB : La CTFA, devenue en 2007 le Personal Care Products Council (PCPC).

              Le 1% qui va bien

    Nous avons vu précédemment, l’ordre des ingrédients dépend de leur concentration. Les principaux composants se trouvent donc au début de la liste.
    Un cosmétique peut contenir plusieurs dizaines d’ingrédients mais ce sont les premiers (de 4 à 8 en général)qui forment le gros du produit.

    Là où le bât blesse, c’est que les ingrédients présents en faible quantité (moins de 1%) peuvent être déclarés dans le désordre. Et les fabricants l’ont bien compris.
    Cette possibilité permet de placer les plantes en tête des substances présentes en faibles concentrations, et les ingrédients moins glorieux en fin de liste.

    Le consommateur aura donc l’impression d’un produit « plus naturel » et « moins chimique ». La réalité en est souvent tout autre : malgré ce positionnement, il est possible que la substance végétale en question soit présente en très petite quantité, moins de 0,001 %.
    En résumé, attention aux abus publicitaires.

              L’abus des codes et brevets

    C’est devenu un classique à chaque sortie d’un nouveau produit, les marques brevètent leur « innovations », en particulier lorsqu’il s’agit d’un nouvel actif antirides.

    En novembre 2011, lorsque Lierac a présenté sa gamme Premium, elle a également mis sur le marché un nouvel actif révolutionnaire, le B-Relaxor Complex.

    Le quoi ?

    D’après le site de la marque, c’est une association exclusive d’un peptide et d’un extrait de feuilles de réglisse. Nous n’en saurons pas plus, à moins de regarder la déclaration INCI.

    Dans certains cas particuliers, les fabricants peuvent obtenir sur demande justifiée, un code secret pour protéger un composant. Dans ce cas, un nombre à 6 ou 7 chiffres figure sur la liste INCI (ex : FIL D2125/2) à la place de l’ingrédient en question.

    Officiellement, cette démarche a pour but de préserver la confidentialité de certaines substances  mais on peut penser qu’ils abusent de cette possibilité du fait de l’émergence de ces codes sur nos emballages.

              « Parfum », les allergènes déguisés

    Du point de vue du consommateur, la déclaration INCI manque de transparence et laisse donc à désirer.

    En ce qui concerne l’odeur d’un produit, l’industrie cosmétique continue de cacher son jeu en regroupant les substances odorantes sous le terme INCI de « Parfum » (ou « Aroma »).
    Cela se fait bien évidemment aux dépens du consommateur car cette mention peut regrouper jusqu’ à 3000 ingrédients, certains pouvant être problématiques pour la santé.

    26 d’entre eux ont été pointés du doigt pour leur effet allergène, même si  la plupart n’ont qu’un potentiel minimal.

              La faille d’internet

    Il existe désormais de nombreux sites ou il est possible de se procurer des cosmétiques, malheureusement ces derniers ne sont pas obligés de fournir la déclaration INCI des produits qu’ils vendent.
    Sur le web, on achète donc à l’aveugle sans pouvoir vérifier avant achat si les éloges d’un produit sont justifiées par sa composition.

    J’ai essayé de contacter 2 marques différentes afin d’obtenir la déclaration INCI d’un de leur produit, des mascaras en l’occurrence : Gemey-Maybelline (groupe l’Oréal) et Chanel. A ce jour, seulement la première m’a répondu, « vous trouvez cette déclaration sur les emballages de nos produits ». Merci pour le renseignement !

    Un autre point faible d’internet, c’est le manque de transparence qu’ont les entreprises face à la composition de leurs produits.

    Prenons par exemple Clarins et son coûteux sérum Capital Lumière (90 euros).
    Sur le site de la marque, voici ce que l’on peut lire :

    Nous avons donc accès qu’à une infime partie des ingrédients, les actifs naturels. La manœuvre est habile car elle donne l’impression que le produit est uniquement composé de ces ingrédients-là. Les photos de plantes viennent renforcer cette image.

              Le mot de la fin …

    Depuis que la déclaration INCI a été crée, c’est un droit fondamental du consommateur que de savoir ce que renferment ses produits cosmétiques.

    Cependant, les entreprises réagissent très différemment face à ce droit. Certaines se distinguent par un souci exemplaire de transparence tandis que d’autres adoptent une attitude pouvant être ambiguë.

    Les promesses d’efficacité séduisent, la déclaration INCI, elle, informe. Mais le consommateur devra rester vigilant, car nous l’avons vu, celle-ci n’est pas infaillible.

              Liens utiles :

              Sources :

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